17.03.2014 – WORLD
Nouveau CD du trio mongolo-bulgare
Un roi mongol voulant récompenser un guerrier lui offrit un cheval ailé pour rejoindre chaque nuit sa bien-aimée, à plusieurs journées de route. Un marchand, dont le soldat refusait d’épouser la fille, se vengea en coupant les ailes du cheval qui en mourut. Pour chanter son chagrin, le guerrier sculpta dans le bois un violon au manche reproduisant la tête de l’animal défunt, les cordes provenant de sa crinière. Ainsi serait né le morin khoor, vielle à deux cordes jouée depuis des siècles dans les steppes mongoles. La légende nous est contée (en allemand) par Dandarvaachig Enkhjargal, que ses amis des Violons barbares appellent Epi. Le trio réunit deux instruments à archet, le morin khoor d’Epi et la gadulka bulgare de Dimitar Gougov, et les percussions de Fabien Guyot, natif de l’Aisne. Le cheval est leur totem. «Les Bulgares descendent en partie des guerriers turco-mongols venus à cheval», dit Gougov. Et les rythmiques du groupe s’inspirent du galop, selon Guyot : «Le titre Horse Galop passe en revue le trot, la course, l’emballement. C’est un élément qui traverse la plupart de nos morceaux. Il témoigne de notre esprit de conquête, notre façon de débouler sur le public.»
Evénements jazz, rock, voire classiques, partout les Violons barbares ont suscité la stupeur, avec leur virtuosité, leur énergie quasi punk, mais aussi les prouesses vocales d’Epi, qui passe du chant diphonique à la voix de gorge ou au guttural. Ce soir-là, le succès était au rendez-vous dans un gymnase d’Hirson (Aisne) à l’excellente acoustique (charpente en bois, son amorti par des tentures), en ouverture de Didier Lockwood. Fan du trio, le violoniste les invite souvent à partager l’affiche avec lui.
Nés en 2008, les Violons sortent un disque en 2009. Au répertoire, des morceaux mongols ou bulgares, de Géorgie ou de Macédoine. Ce nouvel album adapte une mélodie afghane ou du Kazakhstan, «pays frontalier de la Mongolie avec lequel nous avons beaucoup en commun», dit Epi. Courus des festivals world, les Violons commencent à s’imposer en rock. Fabien Guyot conte une anecdote survenue l’été dernier : «Nous étions invités à Burg Herzberg, en Allemagne, nous pensions arriver dans un festival de musiques du monde, mais c’était un site immense baignant dans la boue…» Burg-Herzberg, créé en 1968, plus important rassemblement hippie d’Europe, a fait un triomphe au trio, qui a clos le set en Purple Haze, leur azimutage d’Hendrix.
François-Xavier GOMEZ envoyé spécial à Hirson (Aisne)
Violons barbares CD : Saulem Ai (Harmonia Mundi).
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